Montbel le magnifique : Récit d’une session entre amis

Mai 2009, nous sommes au bord d’un petit lac du 82 afin de faire notre première vraie rencontre « carpedocienne ». La bonne humeur est au rendez-vous, et très vite on s’échange plusieurs récits et infos en tout genre. Un apéro, deux, trois et plus pour certains....et nous voilà Jean-mi, Paulo, Pascal et moi-même en train de partager sous une pluie battante quelques idées de sessions futures; et en quelques minutes, nous décidons de nous revoir pour une session grandeur nature autour d’un grand lac voisin ….lequel? nous ne le savons pas encore! Mais nous verrons bien où le vent nous portera, le but premier étant de nous revoir au bord de l’eau!

La date est fixée: ce sera début octobre, et malheureusement Pascal ne pourra pas être de la partie. C’est donc à trois que nous ferons la session!

Mais où ??? Les propositions de chacun fusent, mais rien de précis ne nous enchantent vraiment. Notre idée, avant tout, est de fuir les bassines surpêchées et de nous attaquer à un « masta- lac » où tous les mystères résident encore ! Donc très peu de choix. Paulo nous parle d’un lac, Montbel, 500 hectares en pdn total d’où il revient bredouille avec Pascal (3 nuits pour Paulo et 9 pour Pascal) et  il a bien l’intention de vaincre ce mauvais sort.

Pour moi le choix m’est égal, mais il faudra convaincre Jean- mi qui ne connait pas du tout ce plan d’eau ….Après négociation il accepte, mais nous dit qu’il sent que ça va être dur dur (et il ne croit pas si bien dire) ! Tant mieux, rien ne vaut un petit challenge pour motiver les troupes….

Destination donc trouvée! Maintenant il nous faut récolter un maximum d’informations sur ce plan d’eau gigantesque. Téléphone, internet, connaissances, revues, nous passons tout au peigne fin et c’est un bien maigre butin que nous récoltons. Aux vues des précédentes sessions, nous sentons bien que nous n’allons pas trop user les piles de nos détecteurs, mais un atout majeur s’ouvre à nous : le lac en cette saison sera très bas, et nous permettra de repérer plus facilement le poisson.

Date et destination: OK, mais qu’allons-nous proposer à Dame carpe? Pêchant à trois, les goûts et les couleurs  sont donc multipliés par 3 ! Mais dans notre team se cache un bien bon rouleur d’appât ! Ni une, ni 2, les boilies « Jean-mi-baits » nous aideront à franchir cet Everest à carpe….

Date, destination, appâts trouvés, mais hors de question d’arriver là-bas sans un petit repérage préliminaire juste avant notre session. Nous en profiterons pour faire goûter à Dame carpe nos appâts avant le jour X. C’est donc Jean-mi et Paulo qui partiront repérer les lieux en avance. Le bateau est à l’eau, et le repérage peut donc commencer …le lac est très bas, moins 12 mètres d’eau, mais l’échosondeur laisse voir qu’il y a encore de l’eau sous le bateau….Un petit tour rapide selon les informations récoltées sur les postes stratégiques….Un saut, 2 sauts...Les poissons sont là! La partie du lac qui va être pêchée est sélectionnée ! C’est donc une baie longue de 500 mètres avec un petit plateau en plein milieu. Petit amorçage avec 24 kg de « Jean-mi baits » et de quelques tigers  qui viendront recouvrir  une 10éne hectare de notre zone de pêche en attendant le jour X ! Bon appétit !!!

Les voitures sont chargées, petit coup de fil pour l’heure et le lieu du rendez-vous et c’est parti !! Il est 7h30 du mat, autour d’une petite chocolatine, nous nous rencontrons de nouveau tous ensemble et nous sommes rechargés à bloc pour les 6 jours qui arrivent ! Aller on décolle ! Direction l’impossible !!!

Nous nous garons au bord de l’eau, et constatons que le lac a encore beaucoup baissé et nous espérons de ne pas trouver notre haut-fond hors d’eau ! Jean mi et moi utiliserons 2 embarcations chacun, alors que Paulo décide de tout faire rentrer sur un seul bateau. 30 min après, on est prêt à rejoindre notre baie. C’est donc 5 bateaux qui partent et ce n’est que 20 min plus tard que nous apercevons notre destination et un biwy non loin de notre poste.

NON !!! Le poste est pris! En nous rapprochant nous verrons que ce n'était pas un, mais 2 biwies qui pêchaient l'entrée de notre baie. Mais comme ce lac est grand, nous nous poserons quand même où nous avons précédemment amorcé, car la place le permet largement ! On accoste et on commence le débarquement.

L’heure est à la stratégie de pêche : Jean-mi décide d’ouvrir sur la baie en se mettant vers le large et de faire des amorçages en assiette afin de croiser le chemin d’une carpe. Paulo décide quant à lui, de pêcher le haut fond à 3 trois cannes sur différentes profondeurs. Enfin, je décide de pêcher la fin de la baie dans l’intention de prendre un poisson venant se réfugier à l’abri du vent. Plateaux, cassures, changement de substrat, fond de 1,5 à 6 mètres,  tout est passé au peigne fin dans l’intention de couvrir un maximum d’opportunités de rencontrer Dame carpe….Question montage on a vu gros : tête de ligne entre 10 et 15 mètres de 80/100, pour le montage 70/100 ou quicksilver est requis, car l’endroit est plus que miné (souches tous les 2 mètres). Question appât:  bouillette uniquement, graine uniquement, tricheur, décollé, équilibré, nous usons de tout !

Il est 16 h et tout est en place. Les 2 biwies qui étaient postés en face de nous, quitteront leur position pour rejoindre une autre partie du lac …cela veut-il dire que le poisson n’est pas là??? Mais quelques sauts de poissons sur notre amorçage viendront nous réconforter !! Et c’est avec une grande sérénité que nous allons passer cette première nuit.

Au réveil, obligé de constater que notre tapis est toujours sec! ….mais des signes d’activités de poisson sur notre amorçage nous font espérer..... et ce n’est que le premier jour !

10h, touche de retour, 2 bips et c’est avec une rapidité digne de superman que Paulo saisit sa canne… il nous faut partir de suite en bateau au-dessus du poisson, car la zone est minée. Nous arrivons dessus, c’est une carpe ! Mais de petite taille … ce n’est pas grave, les grandes sœurs doivent être à côté ! Photos de notre premier poisson et Paulo repart poser sa canne …..

La journée se passe sans aucune autre touche et les premières questions commencent à se poser. Les poissons sont là, mais ne mordent pas ….attendons cette deuxième nuit sur ce poste et nous verrons bien.

Troisième jour, nous avons encore très bien dormi. Forcés de croire que le poisson est sur son alimentation naturelle et refuse nos appâts (demander donc à un américain de manger des haricots verts à la place des frites naturelles de Mac Do !!)….l’eau a encore énormément baissé (environ 1 mètre), et les faibles profondeurs se présentant devant nous, on décide donc de changer de poste en vue de profondeurs plus conséquentes.

11h, les bateaux sont rechargés et nous voila repartis vers de nouvelles aventures …le lac est sur OFF et aucune carpe ne viendra se montrer en surface. Nous décidons donc de prendre un poste stratégique (la rencontre de plusieurs bras) nous permettant de couvrir le plus de place possible afin de chercher le poisson. Nous nous étalons un maximum afin de croiser un poisson. Paulo décide de pêcher un chenal (autoroute à carpe circulant sur le lac) large de 80 mètres dans différentes profondeurs. Jean-mi décide d’ouvrir sur une grosse partie du lac n’hésitant pas à tirer 2 cannes à plus de 350 mètres. Et moi, je décide de pêcher une largeur du bras de 400m avec un amorçage en ligne pour être sûr que mes appâts croiseront le passage d’un poisson entrant ou sortant de ce bras .

Début de soirée, tout est en place et un petit vent d’autan se lève face à nous faisant de notre bordure un refuge à petit poisson….Une chasse, deux chasses et nous voilà tous les 3 passant le temps à pêcher aux leurres. Un broc, une perche, un sandre, et nous revoilà 2000ans en arrière en train de pêcher le repas du soir.

Les perches étant bien grasses, nous décidons d’en garder pour accompagner le repas de ce soir ! Pour fêter ces premières prises, c’est autour d’un petit moscatel que nous entamerons cette première nuit sur ce nouveau poste.

4 ème jour, 1h du mat, un bip, 2 bips sur une canne à Jean-mi. Ferrage …c’est lourd !!!Jean-mi et paulo sautent dans le bateau pour aller à la rencontre de ce poisson, la canne étant posée assez loin…même pas encore arrivés sur la canne que le poisson s’est décroché …Zut !!!! Jean-mi repose la canne au même endroit espérant que le poste soit un point de passage (un petit « péage » sur cette autoroute à carpe).

Nous nous réveillerons déçus de ne pas avoir vu ce poisson et l’inspection du bas de ligne nous montrera que le départ était dû à un silure ! Ce n’est pas grave et c’est avec de moins en moins de confiance que nous entamerons ce 4ème jour ….aucun saut …aucune activité...Cette journée ne nous aidera pas à comprendre ce lac si magique ! N’aillant rien d’autre à faire, nous voila en quête de découvrir ce que mange Dame carpe à la place de nos billes …nous découvrons de grosses moules enfouies dans la vase, une impressionnante quantité de petits vers rouges, quelques écrevisses de toute petite taille et de petits coquillages tout plat ! C’est donc le repas des carpes du lac!

La fin d’après-midi approche, et nous remettons en cause nos spots de pêche. Nous restant 2 nuits de pêches, quoi faire …c’est un poste stratégique du lac, un poisson devrait croiser nos lignes ! Mais y a-t-il vraiment des carpes sur ce Lac ????

Nous décidons donc de rester en place et de continuer notre technique. Paulo et moi-même continuons notre amorçage au même endroit tandis que Jean-mi explore d’autres parties du lac et n’hésite pas à sortir la quasi-totalité de sa tresse de ces bigbaitrunner (je vous rassure, nous étions les seuls fous à vouloir pêcher ce lac).

Nous sentons le temps qui est en train de changer, un vent froid souffle en plein sur notre berge …un changement climatique ? Peut-être que le poisson va bouger ?? Jean-mi et moi-même avions juste placé au bord une canne espérant que les carpes se rapprochent du bord pour venir chercher de la nourriture …11h, un bip sur la canne de bordure à Jean-mi. Nous attendons, 2 bips …ce doit être du blanc !! Le reste de la nuit sera silencieuse. Au petit matin nous relevons la canne de bordure et constatons qu’il y avait une brème de pendue !

Nous entamons donc ce dernier jour sous le signe de l’espoir ….plus qu’une nuit pour changer notre sort ! ça va être dur ! Le temps continue de changer et nous commençons à voir un ou deux sauts sur notre zone de pêche. Ah, les poissons sont en activité ! Avec Jean-mi nous décidons de ne pas toucher 2 cannes, chacun espérant que les écrevisses n’aient pas tout mangé. Les appâts délavés sont-ils une solution à notre problème ? Pourquoi pas … et puis si on a confiance au spot et au montage pourquoi relever la ligne …ça pêchera donc 48h sans bouger !

Il est 18 heures et nous fêtons cette dernière nuit autour de cacahuètes, pistaches et de bon gros moscato....lorsque nous recevons comme information qu'un violent orage vient d’éclater de Toulouse à Mazères.

Paulo, expert en météo, nous rassurent en disant qu’il ne passera pas sur nous vu le vent qu’il souffle.... mais ni une ni deux, le vent tourne soudainement et c’est en moins de 30 sec que nous avons dû tout rentrer sous nos biwies avant qu’un déluge nous tombe dessus !

Vent violent, pluie horizontale, la totale ….une bonne heure après, Paulo nous présente ses excuses, et nous dit que c’était pour pas nous faire peur qu’il avait dit ça ! bien sûr ….il est 21h nous venons de manger chacun sous nos abris au chaud dans nos duvets, et prêts à passer cette dernière nuit ! Comme toutes les autres, elle se passera sous un silence absolu, à croire que tous les détecteurs étaient éteints ! Au petit matin, le constat est là: CAPOT !!!!! Jean-mi et moi plions les pieds dans la boue tandis que Paulo, après avoir fait un petit tour de repérage nous annonce qu’il continue la session pour 2 jours, car il vient de voir plusieurs poissons bouger à plusieurs centaines de mètres du poste et qu’il va donc changer de poste ….qu’a-t-il pris comme drogue dans la nuit pour vouloir continuer sur un lac où les carpes n’ont jamais existé??? Il nous dit qu’il est temps de vaincre ce mauvais sort et que cette fois-ci, il ne repartira pas perdant face à ce lac !!

Les 2 autres jours confirmeront que ce lac est plus fort que lui, malgré une bonne activité sur la zone, et même très proche de ses cannes….

En conclusion, nous sommes rassurés de voir que nous ne sommes pas les seuls à avoir « tôlé » sur ce géant ! Nous en retirerons que Jean-mi cuisine comme un chef (foie gras au vin, côte de bœuf, perches grillées...), que Paulo est vraiment nul en météo et que je suis un bien mauvais pêcheur, car je n’ai eu aucune, mais aucune touche ….tout ça pour dire que malgré le manque de touche, nous avons passé un très bon moment.... même les sessions les plus silencieuses nous permettent de prendre du bon temps et de faire de superbes photos de paysages ! Il n’y pas que le poisson dans la pêche !

 

Paul Oliver et Laurent

Comments

[paul]

je tiens a signaler que cet article avait ete ecrit en collaboration avec mon binome laurent.
si c'est possible de mettre son nom aussi en signature, merci steph